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La traçabilité des supply chains a-t-elle besoin de la technologie blockchain?


Traçabilité : une situation qui mérite attention


Industriels et distributeurs de tous secteurs, tous font de la traçabilité depuis au moins 40 ans. Dans l’imaginaire collectif, cela veut dire que l’on connait et que l’on peut contrôler en permanence où se trouve un produit, d’où viennent ses composants, quelles sont ses conditions de transport et de conservation, etc.


Pourtant, en 2016, plus d’un produit sur 15 importé dans l’UE (6,8%) était de la contrefaçon, toutes typologies confondues (grand public, industriel ou professionnel). Ce chiffre est en augmentation de 36% par rapport à 2013 (source OCDE 2019).



Pourtant, le commerce illicite représente aujourd’hui entre 1000 et 2000 milliards de $ de business dans le monde (source ICC 2019).


Pourtant, aux États-Unis en 2018, une bactérie E.coli présente sur de la laitue romaine a été à l’origine d’un rappel démesuré chez Walmart, Costco et Kroger.


Pourtant, en France, différents rappels produits récents ont été particulièrement longs et difficiles à gérer, laissant parfois en rayon des produits dangereux pendant plusieurs semaines.


Pourtant, aux États-Unis encore, 20% des poissons sont vendus sous une appellation qui ne leur est pas propre, et 30% des restaurants et magasins sont concernés par leur distribution (sources : Oceana et World Economic Forum 2019).


Alors, qu’est-ce que la traçabilité ?


D’un côté, tout le monde fait de la traçabilité. De l’autre, tout tend à démontrer que personne ne sait jamais vraiment précisément d’où viennent les produits, ni où ils se trouvent. En réalité, la traçabilité que l’on pourrait qualifier de « classique » repose essentiellement sur trois procédés :


1. Le marquage physique de produits (étiquette magique, bouchon inviolable, tag RFID, etc)


2. Les audits qui, par définition, sont locaux et ponctuels, parfois une fois tous les 5 ans pour certains labels.


3. Les informations de traçabilité sont très souvent « sous format papier», donc difficilement exploitables [1].


Or ceci ne suffit manifestement plus. Ces deux approches correspondent finalement à de « l’échantillonnage » de la supply chain (un produit ou une information spécifique au milieu du flux global), et à une vision théorique de la supply chain (un cahier des charges par rapport à une réglementation).


Ceci fonctionne très bien lorsque les flux sont bien maîtrisés. Quand 20% des poissons vendus sont des faux, cette hypothèse se révèle inexacte, et donc cette approche « classique » seule n’est plus efficace.


Plus généralement, dans un contexte où les produits sont transformés, les supply chains toujours plus complexes et les échanges menés à l’échelle internationale, il faut une visibilité globale et temps réel du cycle de vie des produits.


Traçabilité moderne et transparence factuelle


La traçabilité « moderne » a pour objectif le pilotage des produits en terme de « flux », bout en bout le long de la supply chain et à travers les différentes organisations qui constituent cette supply chain. Elle agrège, consolide et analyse un maximum de sources de données le long de la supply chain, dont les sources traditionnelles de traçabilité telles que l’audit, le tag, l’IoT.


Pour construire cette infrastructure de données, l’une des briques nécessaires est la technologie blockchain, pour deux raisons.


Tout d’abord la déployabilité opérationnelle : par son aspect distribué, elle permet de décentraliser la capture d’informations numérisées chez chaque acteur de la supply chain indépendamment.


Ensuite, elle établit la preuve de l’origine des données tout au long de la chaîne, et met ainsi en place la responsabilité de chacun des acteurs face à ce qu’il déclare, en assurant l’auditabilité des données collectées tout en garantissant leur maitrise. Ce que chacun déclare est juste ou erroné, volontairement ou non : tout cela sera analysé et traité grâce à l’auditabilité non contestable de la source de chaque donnée.


Ce n’est pas la blockchain seule qui permet d’améliorer la traçabilité, mais couplée à d’autres outils, elle est le socle indispensable qui permet de passer d’une traçabilité basée uniquement sur l’échantillonnage et les cahiers des charges, à une traçabilité temps réel et bout en bout des flux, renforcée par une analyse temps réel. Ce qui ouvre la voie à une transparence factuelle, tant réclamée par les consommateurs.


Matthieu HUG, CEO de Tilkal.


Plus de contenu sur www.tilkal.com


[1] De l’aveu même de Walmart, c’est exactement la nature inexploitable de cette « traçabilité papier » qui a empêché d’identifier l’origine des laitues romaines infectées par E.coli en 2018, déclenchant un rappel de grande ampleur.

Credits : LuckyStep, LDprod — Shutterstock

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